La thèse examine, à partir d'une étude de cas, comment des enseignants des premier et second degrés, exerçant dans des conditions ordinaires, tirent parti d'ingénieries didactiques. L'objet retenu est l'enseignement des décimaux en CM1CM2 et en 6e-5e, avec, pour cadre de référence théorique, les recherches sur la reproductibilité (Artigue, 1984), les champs conceptuels (Vergnaud, 1991, 1994), la didactique professionnelle (Vergnaud, 1992, Rogalski & Samurcay, 1992, 1995). La thèse présente l'évolution des textes officiels depuis le début du siècle, puis y analyse didactique comparative de quatre manuels récents et de deux ingénieries (Brousseau, Douady & Perrin), à partir desquelles douze situations pédagogiques ont été élaborées et proposées à trente-deux volontaires (quinze instituteurs et neuf professeurs ont participé jusqu'au bout), sans contrainte d'usage. Des entretiens rendent compte des utilisations effectives des situations et de leur appréciation. De fait, les enseignants reprennent très peu d'éléments issus des scénarios pédagogiques : l'ingénierie de Brousseau parait peu compatible avec une conception de f opération algébrique associée à un seul sens, et celle de Douady & Perrin étrangère à la tradition du second degré qui privilégie les techniques algébriques de calcul et ne traite pas la notion d'écart. Le faible impact des recherches ne peut être attribué à une mauvaise diffusion des résultats ou à une résistance a priori des terrains a l'innovation, mais a 'des divergences avec les progressions d'enseignement actuellement en place.