L'introduction, puis la généralisation, des calculatrices dans les classes, ont suscité des interrogations, ou des inquiétudes, parmi les professeurs de mathématiques : n'y allait-il pas y avoir concurrence entre leur enseignement, et les informations issues des "étranges lucarnes" ? Pour ceux qui, pédagogues ou didacticiens, réfléchissent aux conditions d'enseignement dans la classe, les questions n'étaient pas tout à fait les mêmes : la généralisation d'outils de calcul puissants allait-elle permettre de se concentrer sur les tâches de conceptualisation, en allégeant les tâches, répétitives, de calcul ? Qu'allait-il advenir de l'apprentissage même de ces mécanismes de calcul ?Une question plus précise sera ici étudiée : au delà de la modification du contrat dans la classe qui lie le maître et l'élève, au delà d'une modification possible de l'enseignement lui même, y a-t-il modification des notions mathématiques apprises par l'élève ? Autrement dit, y a-t-il modification non pas seulement des conditions de l'apprentissage, mais des résultats mêmes de celui-ci ? Question qui d'ailleurs peut se subdiviser en deux : - l'élève apprend-il la même chose quand il travaille avec, ou sans, sa calculatrice ?- dans le cas où les connaissances construites ne sont pas les mêmes, comment sont-elles combinées dans le cadre de la résolution d'un problème ?C'est à ces questions que l'on va tenter de répondre, en observant plus précisément l'apprentissage de la notion de limite de fonction .Il s'agira de montrer en quoi la calculatrice fait écran entre cette notion mathématique et l'élève, et d'indiquer quelques pistes, non pas pour faire tomber les masques, ce qui est impossible, mais pour révéler à l'élève - et au maître- la présence et la fonction des masques sous lesquels la calculatrice présente les objets mathématiques.